Créteil le 29/04/2014

 

Et si nous parlions de l'Algérie?

 

Ou plutôt du "mystère algérien"?

 

Pour lever tout doute à ce sujet, j'évacuerai de suite toute référence à un épi-phénomène récent auquel tant de medias continuent stupidement de prêter attention, alors qu'il n'apparaîtra à coup sur en 2050 que comme un "accident historique" sans impact durable réel sur l'avenir de ce pays.

 

L'époque de glaciation gouvernementale de l'Algérie depuis Avril 2013, n'est que la partie immergée de l'iceberg de la transition politique, du socialisme et du post-socialisme algérien (1979-1991, y compris le tragique coup d'arrêt de la guerre civile de 1992 à 2002), vers une libéralisation et une démocratisation devant passer par la refonte des institutions en place permettant une entrée de ce pays dans le XXIème siècle, à la place qui devrait être la sienne: celle d'un acteur majeur du dialogue et de la coopération euro-méditerranéenne, dont le Nord et le Sud de "la mare nostrum" ont autant besoin l'un que l'autre, mais aussi, le "pôle de développement nord" d'une Afrique meurtrie et humiliée qui doit prendre une revanche ferme mais raisonnée et non violente sur une histoire de plus de 12 siècles d'exploitation honteuse voire criminelle par les Nations et Peuples Européens, mais aussi, quelques siècles plus tôt, par l'empire Romain, les Vandales, l'Empire Turc, et les dures conquetes militaires arabes tant au nord qu'au sud du Sahara, "pôle" constituant une entité symétrique de celui que constitue la République d'Afrique du Sud.

 

Et ceci, de préférence.............sans attendre l'apparition "providentielle" d'un Nelson Mandela arabo-berbère!

 

Ceci étant dit, c'est que depuis que le pétrole et le gaz ou révolutionné les modes de consommation d'énergies et de types de dévelopement des "pays en voie de développement essentiellement", et au début des années 70 ou la pluspart des pays producteurs sont parvenus à prendre provisoirement le dessus sur "le nouvel ordre impérialiste occidental" en nationalisant les ressources énergétiques de leurs sous-sols, tous les spécialistes, y compris ceux des pays concernés, s'accordent à dire, qu'une fois passée "l'euphorie imprudente" de la période 73-79 (ou le prix du baril de pétrole exporté bondit de ......3 USD à 18 USD.....et donc en six ans, après avoir été maintenu constant pendant vingt ans par la volonté commune des compagnies pétrolières et des gouvernements des pays dans lesquels ces copagnies avaient leurs siège et centre de décision !), ce cadeau du ciel et vite apparu comme un véritable "fléau" (cf. l'excellent article de Daniel Pipes écrit en 1982 que vous trouverez en consultant le lien suivant: http://fr.danielpipes.org/10359/malediction-richesse-provenant-petrole)

 

La richesse issue de la seule rente a de tous temps été davantage signe de décadence que de progrès, ceci vaut pour toutes les rentes, et l'adage "aide toi, alors le ciel t'aidera" apparaît plus que jamais comme la mise en garde fondamentale d'une humanité portée vers une forme de contemplation passive, terriblement semblable à une forme de résignation de l'esprit devant une évolution non contrôlée, subie et, à long terme mortifère, et constituant pour tout responsable attentif une heureuse mise en garde comme si toutes les forces d'un esprit supérieur se liguaient pour rappeler à l'homme, qu'il n'y a de sens à son passage sur terre, que dans la créativité, l'imagination, le travail, l'esprit et le goût d'entreprendre, l'emploi de toutes les capacités cognitives et physiques, autant d'atouts à (re)découvrir et dont il se doit de tirer avantage sans jamais relacher ses efforts.

 

Le "paradis terrestre imaginé" est un enfer bien réel, si ce n'est pas l'homme qui au moins tente d'en crééer ne serait-ce qu'un avatar.........en ayant bien en tête, que pour tout individu sain d'esprit, il n'est nul besoin d'espérer "atteindre le graal" pour entreprendre!

 

L'Etat des lieux en Algérie

 


50 années après l'indépendance, la politique algérienne et son économie sont toujours placées sous la "tyrannie de la rente pétrolère et gazière":

 

  • 1/3 du PIB ( y compris estimation de la part prise, soit 30 à 40%, du "secteur informel") provient de cette rente; (c'était le secteur agricole qui était à ce niveau en......1963!)
  • 2/3 des recettes fiscales ( ce qui signifie, "a contrario", que les 2/3 de la valeur ajoutée par l'agriculture, l'agro-alimentaire, les mines, l'artisanat, la petite, moyenne et grand industrie non pétrolière, et les services bancaires et marchands dont les commerces locaux et les services import-export, ne fournissent que 1/3 des recettes fiscales ce qui n'est pas, soit dit en passant, sans donner quelques indications sur l'évasion fiscale en Algérie....) sont directement liées à l'activité des secteurs pétroliers et gaziers;
  • Les exportations sont à 98% portées par les produits pétroliers et gaziers, bruts et traités (raffinage du pétrole et liquéfaction de gaz)
  • L'Algérie qui était auto-suffisante en matière agricole en 1963, ne produit plus que 28% du lait qu'elle consomme en 1990.....et 10% en 2010; pour le blé, l'effondrement du secteur est quasimment identique (75% en 1963, puis 22%....et 17% en 2010)
  • 45% des terres cultivables, sont désormais en jachère;
  • Les échecs spectaculaires de production locale de semances de pommes de terre en 2004 (projet Canadien, puis Australien à SETIF) dus pour l'essentiel à l'impossibilité de lever des fonds auprès des banques.......et au lobbying des importateurs locaux veillant sur un pactole de 150 Millions d'USD par an, est significatif à la fois des "obstacles divers" ne devant rien à la situation sécuritaire ou à la situation économique, et laissent présager d'un avenir sombre si aucune mesure énergique n'est prise;
  • Le revenu par habitant est inférieur d'un quart à celui de la Tunisie, et de moitié à celui de la Turquie, deux pays importateurs de près de 90% de leur énergie;
  • Avec une base de 100 en 1980, étaient parvenues à 170 en 2004 en terme de PIB par habitant, soit 70% de hausse; le Maroc plombé par ses islamistes et son régime autant que par ses faibles ressources naturelles et ses dépenses militaires (5,5% de son PIB) était à 145......et l'Algérie à........ 110 (3), bien sur, la guerre civile avait cassé bien des ressorts, mais Abdelaziz Bouteflika était revenu au pouvoir en 1999, la concorde nationale (ou modèle algérien de "l'oubli sans pardon ni réconciliation", version algérienne de l'admirable processus humaniste mis en place par Nelson Mandela et Desmond Tutu en Afrique du Sud, dénommé: "Vérité et Réconciliation") avait été promulgué en 2002, mais aussi, les dépenses militaires (5,4% du PIB à comparer aux 4,6% des............ USA et aux ...1,6% de la France) à raison de 12 à 14 Milliards de dollards tous les deux ans depuis 2002 pour un pays dont on ne voit pas qui peut l'attaquer si ce n'est quelque centaines de djihadistes en 4x4 Toyota qui ne paraissent pas nécessiter l'achat de chards lourds et de chasseurs bombardiers chez nos amis russes...
  • Le pouvoir d'achat réel (compte-tenu de la hausse des prix et de la stagnation des faibles revenus, +20% sur les bovins et ovins, +50% sur le blé et le maïs, +80% sur les oléagineux de 2000 à 2007) diminue de 1 à 5% par an pour les plus défavorisés (27% de travailleurs pauvres); pour compenser ces hausses consécutives à la dépendance de l'Algérie à l'égard des prix mondiaux, le gouvernement subventionne fortement les prix des denrées de première nécessité au prix d'un déficit budgétaire qui est passé de -0,5% en 2002 à -5% en 2007, au lieu de s'attaquer aux sources du déséquilibre entre demande locale et production locale, ce qui  décourage les quelques tentatives de producteurs locaux qui doivent, dans un premier temps, investir lourdement, notamment, dans les semances, l'importation de cheptel....etc. (cf.supra)
  • Si on ramène le taux de chômage officiel (soit 9,2%) au taux d'activité (1) rapport de la population en situation de travailler (= donc réellement au travail + celle au chômage) à la population totale, le chômage réel est plus près de 20%, dont, et ça n'est pas le moindre des paradoxes, une population jeune (18-25 ans) d'autant plus touchée par le chômage (25-30%).......qu'elle est diplomée (!!), ce qui ne peut que traduire la faiblesse structurelle et l'inadaptation de l'enseignement supérieur aux filières de recrutement.........tandis que les jeunes algériens diplomés du secondaire, "ne sont que" 12% au chomage!
  • La fonction publique n'est plus en mesure d'absorber le surcroît de chômeurs, du fait de sa "saturation", puisqu'elle emploie en 2012, 33% (!) de la population active (24% en France.......taux qui est de fait d'une décentralisation mal conduite dès 1983, et de la redondance des emplois à laquelle elle a abouti, probablement excessif) 
  • Le retard continue de s'accumuler dans le logement, ou la multiplication des programmes, publics et publics privés ne parvient pas à atteindre ses objectifs de 180.000 à 200.000 logements par an (2) (pour une population passant de 32.000.000 à 38.000.000 habitants de 2000 à 2013), là ou lors de la reconstruction de 1945 à 1960, la France (passant de 42.000.000 d'habitants à 48.000.000) construisait de 450 à 500.000 logements par an (Programmes HLM et ILM); (le ryhtme est depuis, crise oblige, flambée du foncier, retrait des promoteurs publics trop endettés, tombé à 250 à 300.000 logements par an dont 60.000 logements sociaux, alors qu'on estime à 1.000.000 le nombre de familles mal logées voire logées dans des locaux d'habitation jugés insalubres.........ce qui exigerait que soit au moins construits 100 à 150.000 logements sociaux à très sociaux par an pour résorber cette "honteuse verrue" sur les dix années à venir!) 

Mais le plus étonnant reste à venir: 

 

  • L'Algérie n'est quasiment plus endettée, ET est un pays, du moins en ce moment, très riche, disposant de réserves monétaires abondantes, soit 200 Milliards de USD fin 2013, soit, quatre années d'importation et donc.......deux fois plus que la Chine! La question est bien: à quoi sert cet argent, ou est-il et pourquoi n'est-il pas mis au service de ce pays qui de 1954 à 1962, puis de 1992 à 2002 à tant donné, tant souffert pour sa dignité, pour sa liberté et pour sa grandeur?
  • Il faut y ajouter les "actifs du fond de régulation pétrolier" qui représentent près de 40% du PIB et qui sont destinés à "lisser les variations des cours pétroliers lorsqu'ils sont à la baisse".......(et qui ne baissent pas significativement depuis 10 ans, tant les intérêts des pays producteurs, des compagnies pétrolières et des sociétés de trading qui spéculent à la hausse grace au mécanisme des ventes à terme, convergent pour maintenir bien haut un prix, dont on a vu dans les années 90 qu'il pouvait s'équilibrer autour de 40-60 USD.....)alors qu'il est à 95-110 USD actuellement; ajoutons que la conjoncture géopolitique actuelle , Russie, Iran, Iraq, réduit artificiellement l'offre, alors que pour ne donner que cet exemple, pendant la guerre Iran-Iraq, invitée par les USA et le Japon à le Faire, l'Arabie Saoudite était parvenue à produire pour exporter 12 Millions de Barils par jour......alors, qu'elle a réduit ses exportations à 6 Millions par jour en 2012, tandis que de "doctes spécialistes des questions pétrolières ne manquent pas de nous expliquer quotidiennement que les "réelles tensions (!!) sur le marché pétrolier, ou l'offre pène à satisfaire la demande et ou 1 Million de Baril produit en moins par un Irak qui serait submergé par une vague de sabotages suffirait à paniquer les marchés et à faire flamber le pétrole" (!!)
  • Ces réserves ne sont pas utilisés à mettre en place une véritable politique sociale, culturelle, éducative, pas plus qu'à réformer un secteur bancaire dont les encours destinés à favoriser l'émergence d'un secteur économique performant ne dépassent pas 15% du PIB (contre 80 à 150% du PIB dans certains pays émrgents) et ou, entre bureaucratie, coût de l'argent "informel", corruption, entreprendre et produire constituent un parcours du combattant!

(1) le taux d'activité est directement lié à l'évolution de la démographie: en 1970, les familles algériennes comptaient 7,8 enfants par foyer; en 2012, ce taux est tombé à.....3,2% d'ou une chute significative du taux d'activité

(2) lors de la campagne présidentielle de 2014, Abdlmalek Sellal est venu promettre la.........construction des 8.000 derniers logements destinés aux victimes du séisme de Boumerdès, victimes vivant toujours dans les chalets provisoires mis à leur disposition en 2004!

(3) Evidemment, et surtout en Egypte, les "printemps arabes" ont, un moment du moins, cassé la dynamique de croissance.......et il y a fort à parier que lorsque des chiffres redeviendront disponibles, ces deux pays seront redescendus aux alentours de 130-140

 

Gary Halley

 

 

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Creteil le 4/6/2014

 

Et l'Europe dans tout cela?

 

Il a fallu attendre qu'un homme politique de 87 ans se prononce de manière iconoclaste (1), pour que soit énoncée, une condition à la fois nécessaire et préalable, à la poursuite de la construction d'une Europe qui en revienne à l'esprit qui animait ses fondateurs, et donc à la révision du traité de Mastricht, sur cinq points:

  • l'interdiction du dumping fiscal entre états de l'Union;
  • L'harmonisation de la protection sociale ente états de l'Union;
  • La révision du statut de la banque centrale, avec à la clé, la possibilité de prêter directement aux états et la mise en oeuvre d'une régulation prudentielle des banques commerciales européennes, régulation préalablement définie par le parlement européen.
  • La révision des critères de déficit budgétaire et d'endettement des états: ainsi un pays pourrait momentanément s'autoriser (et être donc autorisé par un organisme de coordination des politiques économiques et industielles de l'UE) à dépasser les 3%  à l'année N dans le cadre d'efforts particuliers d'investissements d'avenir sur lesquels aucun investissement (ou très peu!) d'orde privé n'est à attendre et si son rapport: endettement public à l'Année N/revenu national annuel à l'année N+1 n'excède pas X% (avec X compris entre 50 et 100% selon que la capitalisation publique est supérieure ou non à son PIB) (2). Mais aussi, son endettement public autorisé pourrait être fonction de son patrimoine public net, et de la structure de sa dette publique (étalement et taux de ses  emprunts)......et donc franchir les 60% fixés unilatéralement et arbitrairement par le traité.
  • La définition, mise en oeuvre, de grands programmes d'équipements européens autour de quelques axes forts: Recherche et Développement dans le domaine des industries (Robotique, Machines-Outils, Transports, Textiles et Matériaux de Synthèse, Politique Energétique et Transition Ecologique et Equipements et Matériaux adaptés à cette Politique Commune, Politique Agricole et Haliotique Commune Ecologique)

On sait que par principe absolu, tous les partis politiques britanniques sont farouchement hostiles à ce qui précède (3). Il y a donc bien lieu d'en tirer les conséquences et de rendre à la GB toute sa liberté..............sachant que:

  • Au fond, aucun gouvernement, qu'il soit travailliste ou conservateur ou libéral ne veut quitter l'UE sachant parfaitement le bénéfice qu'il en tire(le chantage du premier ministre actuel s'inscrit pour un tiers dans la lignée de l'héritage thatchérien.......et pour deux-tiers dans la volonté de ne pas se laisser déborder sur sa droite par le parti euro-crétinique de Ferrage!)
  • Quitte à provoquer une grave crise, et à s'attirer une ingérence des USA dans cette crise, Il y aurait moyen d'en venir à exclure de l'UE la GB si les 27 autres pays exigeaient que soit immédiatement mis fin aux conditions privilégiées octroyées lors de son entrée.......ce en quoi ces mêmes 27 autres pays constataient que parmi leurs difficultés économiques, figure en bonne place l'absence complète de solidarité et d'égalité en droit du grand intrus de l'Union!


Pour conclure, on mesure la considérable dérive néo-libérale de tous les partis politiques européens (4), quand on se rend compte, que c'est l'initiateur en France de la "seconde gauche" (soit la "sociale-démocrate" à la Schröder, par opposition à la première: celle d'Epinay.........et non hélas celle d'après "le coup d'état permanent" de François Mitterrand en 1984), qui est aujourd'hui le plus pragmatique et proche des mouvements citoyens  (Nouvelle Donne; Collectif Roosevelt; Aile "grenobloise" de EELV; Mouvement Citoyen; FG........) en suggérant de commencer par le commencement pour les raisons invoquées en (3) ci-dessus.

 

Gary Halley

 

(2) On vous parle toujours de la dette publique, en fait, comme dans votre budget, ce qui compte c'est votre "bilan" entre votre actif (votre revenu salarial et/ou parimonial, votre épargne capitaisée) et votre passif (vos emprunts et autres dettes). Ainsi l'état possède un patrimoine et d'autres actifs immatériels: sociétés nationales, participations dans des sociétés privées nationales, créances fiscales et sociales sur les acteurs économiques privés...etc.  Ainsi, fin 2013 , la dette publique nette de la France était de 8% de son PIB !!!

 

(3) Le néo-libéralisme de l'école de Milton Friedman) a éradiqué toute autre idéologie politique en GB de Margaret Thatcher à Tony Blair.

 

(4) y compris le PS Mitterrandien déja "social-démocrate" deuis la trahision de 1984, devenu aujourd'hui, social-libéral à l'image des travaillistes ou du SDP Allemand  (Die Linke est issu du SDP après sa rupture avec Schrôder, et est aujourd'hui le PS allemand, voire le PG français!)

 

(1) source: déclaration de Michel Rocard


"Une demande courtoise, mais ferme. L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard demande au Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, dans une tribune publiée mercredi 4 juin parLe Monde. Européen convaincu, il accuse les Britanniques de ne pas aimer l'Europe, de n'y être entrés que pour "faire du commerce", de paralyser son évolution politique et de commettre un déni de démocratie en s'opposant à la nomination à la présidence de la Commission européenne du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, candidat du parti vainqueur des élections de mai.

"Partez donc avant d'avoir tout cassé"

"Il y a entre vous et nous, les Européens continentaux, un malentendu qui est en train de tourner mal, écrit Michel Rocard, 83 ans. De cela, l'Europe meurt." Michel Rocard accuse également le Premier ministre britannique de faire "semblant" de vouloir quitter l'Union européenne. Selon le magazine allemand Der Spiegel, le Premier ministre britannique a averti ses partenaires qu'il ne pourrait garantir le maintien du Royaume-Uni dans l'UE si Jean-Claude Juncker devenait président de la Commission. Par ailleurs, il a promis un référendum sur la sortie de son pays de l'UE d'ici 2017.

"Vous avez encore quelque intérêt bancaire à profiter du désordre que vous créez", accuse-t-il."Partez donc avant d'avoir tout cassé", conclut l'ancien Premier ministre français. "Il fut un temps où élégance était synonyme de britannique. Laissez-nous reconstruire l'Europe. Retrouvez l'élégance et vous retrouverez notre estime."

 

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Créteil le 5/6/2014,

 

Théorie de "l'Espace Vital" ou de "la Grande Russie Eurasienne"........ou quand l'Histoire bégaye?

 

Vladimir Poutine est assurémment un ressenti comme un "Homme Providentiel" par la majorité d'un peuple russe, encore abasourdi par l'écroulement de l'union soviétique (1), meurtri en son coeur par le désastre Afghan (2), rongé par une nouvelle misère et la corruption galoppante de certaines de ses élites, et ressantant l'occident comme une entité arrogante et menaçant la russie d'encerclement, tandis que ne cesse de grandir sur les flancs sud et est de la fédération russe, la menace d'une Chine inquiétante qui risquerait dès à présent, de ne faire qu'une bouchée des troupes russes en cas de répétion d'un accrochage frontalier à l'image de celui qui s'était produit sur les berges du fleuve Amour (3).

 

La propagande russe a beau jeu de mettre en exergue des faits qui servent l'ex-Lieutenant-Colonel du KGB (4) Vladimir Poutine, aujourd'hui seul dirigeant de la planète à se montrer comme un véritable leader, cohérent dans ses propos sans négliger l'apport d'une bonne dose de cynisme et de populisme, et ayant ue véritable vision à moyen-terme de l'avenir de la Fédération Russe et des moyens d'y parvenir.

 

Face à un nain européen qui a autant besoin de la Russie que cette dernière a besoin de lui pour que leurs économies respectives ne s'écroulent pas, à une puissance militaro-industrielle empêtrée dans ses contradictions et paralysée par des élus nationaux sectaires, pressés d'en découdre sur des questions intérieures, mais n'éprouvant guère de motivation en matière de politique extérieure après les cuisants échecs iraquiens et afghans (5), Vladimir Poutine a eu beau jeu de faire observer que la Crimée avait été cédée à l'Ukraine dans des conditions politiquement douteuse par Kroutchev, et surtout, que sa "reconquête démocratique" par une population largement russophile  ........en violation de certains traités internationaux........s'était déroulée dans des conditions exactement identiques à celles du Kosovo par les Albanais et une minorité Kossovar (appuyés par l'OTAN) au détriment de la Serbie et de l'histoire de la naissance de "la Grande Serbie" (que soutenait la russie) qui allait être finalement réduite à son noyau dur après la mort de Tito et l'éclatement sanglant de l'ex-yougoslavie.

 

Grisé par cette première réussite et rassuré par l'inanité des gesticulations occidentales, la, comme en Syrie (seul pays arabe ou le Dictateur en Place a gagné la partie.........grace au soutien Russe), Vladimir Poutine ne décolère cependant pas de voir, qu'après la disparition "de facto" du Pacte de Varsovie faisant suite à l'indépendance des ex-pays satellites et à la dislocation de l'URSS, non seulement son "alter-ego" militaire, l'OTAN, n'a pas été dissoute (alors qu'objectivement on pouvait penser au début des années 90 que cette organisation n'avait plus de raison d'être), mais à même intégré en son sein les ex-pays satellites et leurs armées, et que son Haut-Commandement a, sous la poussée des atlantistes français de gauche et de droite, réintégré la France, puissance nucléaire que le Général de Gaulle avait prudemment écarté en 1966 du leadership de fait des USA que ce Haut Commendement représentait.

 

Tout stratège de bonne foi, considère que ceci peut objectivement, dans les conditions d'après-guerre froide et d'affaiblissement de la Russie, être interprété comme une manoeuvre préventive d'encerclement de cette dernière.

 

Afin de "briser" ce que lui en tout cas perçoit comme un véritable encerclement, de par son précédent "job", Vladimir Poutine est un admirateur de Carl Schmitt (6) et un adepte du Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev (7) et un observateur attentif de la construction enropéenne dont il souhaite s'inspirer pour établir les contours d'une Union Eurasienne susceptible de peser économiquement et démographiquement entre l'espace Sino-Indien et l'espace occidental (UE sous influence et domination Nord-Américaine).

 

Evidemment, "seule une Nation ou une Fédération Souveraine sous la Ferule d'un Guide peut garantir l'Intérêt Collectif des Peuples la composant sans qu'un parlementarisme de ploutocrates ne vienne affaiblir jusqu'à sa ruine l'Espace Collectif ainsi conçu. "Le Souverain est celui qui PEUT DECIDER de la situation d'EXCEPTION".......et n'a donc personne à consulter quand il estime que l'Espace dont il est garant est menaçé.  Les peuples de l'Espace se distinguent par l'homogénéité monolithique de leurs ambitions, y compris territoriales, aux dépens de ceux qui s'y opposeraient ou seraient tentés de faire dissidence". (8)

 

Toute cette conception Politique de l'Union Eurasienne qui devrait devenir effective au premier janvier 2015 ne peut admettre les désordres créés aux dépens des peuples élus, par des minorités oppressives, ou jugées comme telles: Voila pourquoi, non seulement l'Ukraine de saurait être indépendante (elle fait partie depuis les premiers actes de construction de l'espace EURASIEN en 2002), mais il n'est pas admissible qu'elle maltraite les fortes minorités russes de sa partie Est (Donetzk)!!!

 

Jugeant qu'il en est pourtant ainsi, et s'instituant comme Guide d'une Union Souveraine, Vladimir Poutine copie jusqu'à la caricature Adolf Hitler volant au secours des Allemands peuplant la province nord-ouest de la Tchécoslovaquie (les Sudètes) et après avoir "tempétés" et introduit des troupes en catimini dans la province, l'annexe purement et simplement en 1938.....en dépit de gesticulations sans effet de la Grande-Bretagne et de la France, aboutissant à cette capitulation dramatique que furent les "Accords de Munich"

 

Est-ce à dire que Poutine est un nouvel Hitler? Surement pas: lui est sur d'en finir avec la construction de l'Union Eurasienne début 2015........probablement en finissant par annexer à la Russie, après un référendum populaire, toute la partie Est de l'Ukraine n'ayant pas voté lors du 25/5/2014 (9), et en maintenant dans le giron de l'Union Eurasienne, l'Ukraine demeurée autonome car qui peut sérieusement penser, depuis le début des évènements de Crimée, que les USA ou l'UE auront réellement la volonté de "voler au secours" du Bassin du Donetz.

 

Belle leçon de volontarisme froid, cynique, mais cohérent pour les Européens: trouveront-ils, sous une impulsion franco-allemande, les ressources nécessaires pour reprendre la marche en avant de la construction européenne, quitte à diaboliser Poutine (10), a faire enfin sortir de l'UE  la GB, et en s'alliant autant par nécessité que par souci de respecter à la lettre le "Traité de l'Elysée" par lequel le chancelier Adenauer et le Général de Gaulle se sont, dans le cadre d'une amitié indéfectible, engagés entre autres choses "à ce que les deux pays mettent toutes leurs ressources en commun pour faire face à un risque d'affaiblissement européen pouvant conduire à un conflit ou à une soumission de fait à une puissance extérieure"

 

Gary Halley

 

(1) l'URSS fut dissoute le 26/12/1991

 

(2) la guerre d'Afghanistan (1979-1989) fit 15.000 morts et 50.000 blessés dans les troupes russes et couta environ 20 Milliards de Dollars à l'URSS qui par roulement, fit participer 900.000 hommes aux combat sans jamais parvenir à contrôler plus de 20% du territoire.  Elle fit 1,2 Million de morts chez les Afghans, militaires, milices tribales et civils, auxquels il faudrait ajouter envirion 10.000 djihadiste Arabes venant autant du Machreq que du Maghreb

 

(3) micro-conflit qui fit tout de même 5000 morts au total entre Russes et Chinois en 1969 au moment de la rupture sino-soviétique.......toujours en vigueur

 

(4) il démissiona , après avoir été nommé Directeur du FSB (les services de renseignements succédant au KGB) par Boris Eltsine.  Avant la disparition de l'URSS, il fut officier traitant du KGB à Dresde de 1895 à 1990, sous couvert de la fonction de Directeur de l'Ecole de l'Amitié Germano-Soviétique....

 

(5) 15.000 tués, 75.000 blessés et .......1000 Milliards de Dollars de dépenses de Janvier 2003 à aujourd'hui............pour plus de 1,5 Millions de tués et disparus en Irak et Afghanistan, et à ce jour, un calme et reprise économique relatifs revenus dans le seul Kurdistan Irakien (capitale ERBIL), une poursuite de guerre cvile larvée dans le reste du pays et sur l'ensemble du territoire Afghan

 

(6) juriste  et politologue "référent", dans un premier temps de la toute jeune république de Weimar à la suite de l'écroulement du IIème Reich, puis dans un rôle identique, au service du IIIème Reich qu'il servit avec Zèle. Né en 1888 en prusse orientale, il mourut, sans jamais être jugé dans sa ville natale en.......1985!

 

(7) dans la pagaïe qui suivit l'écroulement de l'URSS il se fit remarquer par ses propositions hardies et notamment par un discours prononcé à Moscou invitant à la restauration d'une "grande entité politique d'intérêts communs allant de la Biélorussie, à l'Arménie, en passant par l'Ukraine, la Russie, le Kazakstan, le Kirzighistan, le Tadjikhistan et l'Ouzbekistan..." "en reprenant le meilleur des valeurs que l'ex-URSS avait véhiculé en son temps".....(!!)

 

(8) citation extraite d'une conférence de Carl Schmitt à ses étudiants

 

(9) Election venant de porter le "roi du chocolat" Petro Porochenko avec 55% des suffrages exprimés, étant entendu que 10 millons d'Ukrainiens de l'Est ne purent aller voter .....les bureaux de vote se trouvant en zone de combat entre troupes ukrainiennes et milices (?) pro-russes.

 

(10) A noter, que Vladimir Poutine a invité au Kremlin tous les leaders des partis d'extrême-droite élus aux récentes élections européennes, sans doute pour montrer qu'il n'a rien contre l'UE et ce qu'elle a de meilleur (nationalismes et souci de l'orde suprême pour le bien des peuples).....et peut-être (!!) de déstabiliser un peu plus les leaders des partis républicains de l'UE!

 

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Et pendant ce temps, en 2012 s'est créé le premier "Think Tank" algérien, espace de réfexion informel (les Associations n'étant pas encore reconnues par la loi) réunissant, en Algérie, universitaires, personnalités retirées de la vie poitique, mais aussi, étudiants, diplomés chomeurs, chomeurs non diplomés........etc. 

Leur crédo: une Algerie tirant parti de son potentiel naturel et humain et satisfaisant les besoins essentiels de toute sa population est possible: d'autres pays, dans le même état que l'Algérie en 1965 et doté de moins de potentiel humain et matriel sont arrivés aujourd'hui à des stades de déveoppement, montrant que rien est impossible pour les algériens qui souhaitent prendre leur avenir en main: NABNI propose un programme politique, fait appel à toutes les bonnes volontés et compétences bénévoles .......SANS  AUCUN  FILTRAGE  PREALABLE.......et s'engage à ne critiquer aucune institution actuelle et encore moins aucune personnalité: sa vocation est de disparaître sans "demander son dû", dès lors que de nouveaux partis politiques, ou d'anciens ayant fait leur aggionamerto, ou que des coalitions entre de nouveaux et d'anciens partis se présenteront devant le peuple en "s'appropriant les grandes orientations que NABNI continue

d'élaborer en multipliant les conférences en Algérie (ou se trouve son siège) et en allant sensibiliser la "diaspora algérienne" ou qu'elle se trouve sur son objectif societal: je vous invite à découvrir ci-dessous, "le manifeste de Nabni", ainsi qu'une "synthèse d'un rapport d'activité et d'observation";

 

Vous qui croyez que la fierté d'être devenu une nation indépendante et souveraine, n'est pas suffisante sans un développement spectaculaire, conçu par des algériens, à la hauteur des espérances populaires et des capacités considérables de leur pays au regard de la plupart des pays du continent africain à l'exception, peut-être, de l'Afrique du Sud, je ne doute pas que vous serez tenté de rejoindre NABNI.......du moins j'en fait le pari, à vous de me dire si je me suis trompé!!!

 

Pour découvrir NABNI, allez sur leur site: www.nabni.org

 

A bientôt

 

Gary Halley, alias Ishem Ali Daugreilh

 

 

 

 

Mercredi 11 mai 2016

 

Il y a une crise économique propre à la zone euro, mais il y a l'attitude germocentrique de concevoir la construction européenne, telle que décrite avec beaucoup de justesse ci-dessous:

 

"

Le 29 avril dernier, les Etats-Unis ont placé l'Allemagne sur sa liste de surveillance, au même titre que la Chine, en raison de la politique pratiquée par le pays concernant le commerce extérieur. Comment expliquer le choix fait par les Etats Unis ? Ne s'agit-il pas d'une provocation vis-à-vis du succès des entreprises allemandes à l'export ?

 

 

 

Xavier Ragot : Les Etats-Unis ont effectivement décidé d'inscrire sur la liste des pays à surveiller la Chine, le Japon, la Corée du sud, Taiwan, donc que des pays asiatiques, et l'Allemagne. Je pense que cela marque une évolution importante et légitime. Un pays peut-il exporter trop? Oui, pour deux raisons. La première est qu'il peut manipuler son taux de change de manière volontaire par une politique monétaire ciblée. Cette forme de dévaluation compétitive est malsaine car si tous les pays jouent ce jeu, on en vient à ce que l'on appelle la guerre des monnaies où tout le monde perd.

 

 

 

La Chine et les autres pays asiatiques sont parfois suspectés de faire cela.

 

Ce n'est bien sûr pas le cas de l'Allemagne aujourd'hui. Les exports extraordinaires de l'Allemagne ne viennent qu'indirectement du taux de change, du fait de l'existence de la zone euro. cette dernière est aujourd'hui globalement peu exportatrice, ce qui fait que le taux de change de l'euro est globalement raisonnable. Cependant, au sein de la zone euro il y a des pays extraordinairement exportateurs, comme l'Allemagne, qui sont sous-évalués, et des pays importateurs qui, eux, sont sur-évalués.

 

 

 

On en vient à la seconde question. Comment se fait-il que l'Allemagne soit sous-évaluée, de l'ordre de 10 à 20% selon les travaux réalisés à l'OFCE ?

 

 

 

Selon nos estimations, cette sous-évaluation explique la moitié de la divergence entre la France et l'Allemagne. La réponse repose essentiellement sur la modération allemande commencée dans le milieu des années 1990 (et non après les lois Hartz, comme on le dit trop souvent). Cette modération salariale est le résultat des erreurs de la réunification allemande. Pour donner un ordre de grandeur, la réunification a généré un transfert de près de 1000 milliards d'euros de l'ex-Allemagne de l'ouest vers l'ex-Allemagne de l'est. Ce montant est à peu près trois fois la dette grecque actuelle.

 

 

 

Cette modération allemande n'a pas été maîtrisée et a duré trop longtemps, entraînant des déséquilibres qui sont les vrais problèmes de la zone euro. La consommation des ménages allemands est trop faible, donc ils n'importent pas assez de biens des autres pays européens. Sous-évaluation et sous-consommation allemande sont le coeur des déséquilibres européens. Encore une fois cela n'a rien à voir avec la productivité des entreprises allemandes. Les entreprises américaines sont très productives et les Etats-Unis ont une balance commerciale déficitaire. Il faut bien comprendre que productivité et déséquilibres commerciaux sont deux concepts différents !

 

 

 

 

 

Alexandre Delaigue : Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas nouveau ! Le Trésor américain, dès 2013, critiquait l'excédent extérieur allemand. La Commission européenne avait aussi lancé une investigation pour excédent commercial excessif, respectant en cela les nouveaux critères d'équilibre macroéconomique en Europe. L'attitude américaine traduit une exaspération : malgré cela, rien ne change.

 

 

 

Nicolas Goetzmann : Il y a deux mois, de nombreux commentateurs ont pu souligner le fait que la France venait de perdre son statut de premier partenaire commercial de l'Allemagne, au profit des Etats-Unis. Puis, quelques semaines après, nous apprenons que les Etats-Unis auraient justement des reproches à formuler à l'Allemagne sur cette question, en inscrivant le pays sur cette fameuse liste "noire". Il existe donc une sorte de paradoxe entre l'attitude française, qui semble regretter d'avoir perdu sa position, et celle des Etats-Unis, qui n'ont pas l'air de s'en réjouir. La réalité est que les Etats-Unis ont de sérieuses raisons de se méfier, et c'est ce que la France n'a pas su voir.

 

 

 

Ce paradoxe découle simplement de l'incompréhension qui entoure la notion de balance courante. Selon une vision plutôt simpliste, une balance positive serait le résultat d'une politique économique sérieuse qui conduirait un pays sur le terrain enviable de la compétitivité. Mais dans le cas de l'Allemagne, cette vision ne s'applique pas réellement. En effet, si une balance courante exprime bien le solde entre exportations et importations, elle exprime également la différence entre "ce que gagne" un pays et ce qu'il "dépense".

 

 

 

Ainsi, une balance positive marque un état de surproduction par rapport à la consommation. Ou, en changeant de point de vue, un état de sous-consommation par rapport à la production du pays. Ce qui est exactement le cas de l'Allemagne, dont la balance est le résultat d'une forte pression à la baisse sur les salaires, qui vient empêcher les consommateurs allemands d'absorber la totalité de la production du pays.

 

 

 

Ce qui signifie que cette production doit être exportée, en utilisant la croissance de ses "partenaires" extérieurs. Ainsi, au cours des 15 dernières années, l'Allemagne a surfé sur la croissance de ses partenaires européens, mais ceux-ci sont aujourd'hui à bout de souffle. Il faut donc changer de cheval.

 

 

 

Et c'est au tour des Etats-Unis de devenir le moteur des exportations allemandes. Mais il est probable que les Etats-Unis adoptent une attitude un peu moins naïve face à la stratégie allemande.

 

 

 

Parce que cette stratégie économique totalement non coopérative a un nom : le cavalier solitaire. C'est ce que les Européens, la France en tête, ont accepté pendant 15 ans. Le résultat est une zone euro démolie autour d'une Allemagne forte. Nous sommes assez loin de toute idée d'intérêt général européen.

 

 

 

Selon une déclaration du secrétariat au Trésor américain, l'Allemagne enregistre la seconde balance de compte courant au monde, ce qui représente un excès d'épargne de 8% du PIB, qui pourrait servir pour soutenir la demande intérieure allemande (...) et ainsi contribuer au rééquilibrage de la zone euro. En quoi les bonnes performances allemandes sur le commerce extérieur sont-elles liées aux déséquilibres européens ?

 

 

 

Xavier Ragot : Ces réflexions du Trésor américain sont importantes, car comme je l'ai dit on passe d'une conception monétaire (sous-évaluation) des déséquilibres à une conception réelle (sous-consommation). Il y a un consensus qui se dessine aux Etats-Unis et parmi les économistes sur le déficit de demande mondiale actuelle. L'inflation mondiale est faible, le monde souffre de sous-emploi et de surcapacités de production (en Chine notamment). Le terme pour identifier cet nouvel état du monde est "stagnation séculaire", qui est un déficit de demande mondiale dans un monde de taux d'intérêt faible, où la politique monétaire conventionnelle ne peut plus relancer l'économie.

 

 

 

 

 

Dans ce monde, les pays qui ont une sous-consommation (comme l'Allemagne) sont particulièrement dangereux car ils peuvent entraîner des zones économiques dans un marasme de faible inflation, de demande faible et de forte dette. C'est malheureusement la réalité européenne. La faiblesse de l'inflation, de l'emploi, de l'activité est préoccupante. La zone euro a une bouffée d'oxygène par la dévaluation de l'euro par rapport au dollar, mais cela revient à exporter notre sous-activité aux Etats-Unis qui en pâtissent comme le montre le ralentissement récent.

 

 

 

Alexandre Delaigue : Rappelons que ce ne sont pas les exportations allemandes qui sont en cause ; c'est un jeu des décideurs allemands, pour contrer les critiques, que de dire que les étrangers sont jaloux de la qualité de l'automobile allemande

 

 

 

. C'est le fait qu'au lieu d'utiliser le produit de ses exportations pour augmenter les revenus des allemands, ou pour investir (en particulier dans une infrastructure allemande qui devient décrépite) cet argent est épargné, et cette épargne vient ensuite nourrir des déséquilibres ailleurs.

 

 

 

Avant la crise financière, ces excédents nourrissaient les bulles immobilières aux USA (voir à ce sujet le récent film The big short) et en Espagne, ou l'endettement grec. Maintenant, ils exercent une pression à la baisse sur la demande mondiale, entretiennent le "global savings plut" qui maintient la demande mondiale faible et oblige les banques centrales à maintenir des taux faibles.

 

 

 

Et il faut arrêter de parler de "bonnes performances" allemandes. Cet excédent est maintenu par des mauvaises politiques : faible investissement public, inégalités en hausse. 

 

 

 

Nicolas Goetzmann : Lorsque l'Allemagne affiche un surplus de près de 250 milliards d'euros, ce qui est arrivé en 2015, et ce qui correspond à 2,5% du PIB total de la zone euro, il faut se rendre compte que ce chiffre mesure l'état de sous-consommation allemande par rapport à ses capacités.

 

 

 

Ce qui est assez perturbant, c'est qu'au cours des années 2000, lorsque l'Allemagne était "l'homme malade de l'Europe", elle a pu compter sur la coopération de ses partenaires du sud, qui ont soutenu les exportations allemandes avec leur croissance. Depuis, la roue a tourné, mais l'Allemagne continue d'agir de la même façon. Si l'Europe était un espace coopératif qui visait l'intérêt général, alors l'Allemagne rétablirait sa balance courante à zéro, en payant davantage ses salariés, ce qui provoquerait une poussée de consommation et des investissements dans le pays, ce qui profiterait à l'ensemble de la zone euro.

 

 

 

Voilà pourquoi il est très pénible d'entendre l'Allemagne accuser les pays du sud d'avoir abusé des déficits au cours des années 2000. Parce que ces déficits ont été provoqués par les surplus allemands.

 

 

 

Les entreprises allemandes ont financé les déficits des pays du sud, non pas par pure gentillesse, mais parce qu'elles disposaient de surplus d'épargne monstrueux, qu'il fallait bien investir. Or, pour investir, il est préférable d'aller dans un pays qui consomme, c’est-à-dire en dehors d'Allemagne. Ce ne sont pas les pays du sud qui réclamaient des fonds pour financer leur développement, ce sont les surplus allemands qui ont été "forcés" hors d'Allemagne. Ce surplus d'épargne conduit à une baisse du coût du capital, ce qui est à l'origine de la formation de gigantesques déséquilibres intra-européens.

 

 

 

En quoi l'Europe aurait-elle été victime de cette situation ? La stratégie économique allemande a-t-elle d'autres effets ? Comment est-il possible de rééquilibrer les choses en Europe ? Dès lors, comment expliquer que les dirigeants français semblent vouloir s'orienter sur la même voie, celle du modèle allemand ?

 

 

 

Xavier Ragot : Une fois que l'on a identifié le problème, il est important de ne pas en faire un comportement stratégique des Allemands.

 

 

 

C'est encore une fois le temps long de la chute du mur qui pèse sur les déséquilibres, et il faudra du temps pour les corriger. L'introduction d'un salaire minimum en Allemagne, la dynamique des salaires allemands est une des rares vraies bonnes nouvelles. Il faut que les prix et les salaires augmentent durablement plus en Allemagne que dans le reste des pays européens.

 

 

 

Le rééquilibrage de l'Europe demande une réflexion sur la dynamique des prix et des salaires qu'il faut mettre en place. Le danger est que tous les pays s'engagent dans une modération salariale à l'Allemande. Comme la guerre des monnaies, cela plongerait la zone euro dans une spirale déflationniste (ce qui augmente les dettes) sans que personne n'y gagne.

 

 

 

Il faut un projet à 10 ans, c'est l'horizon nécessaire et il faut penser à la coordination des hausses de salaires, en jouant sur les salaires minimum, sur des accords salariaux de branche, sur la rémunération des fonctionnaires. La zone euro a besoin d'un ministre du Travail, qui comprenne la macroéconomie.

 

 

 

Alexandre Delaigue : Il y a un véritable syndrome allemand en France, un complexe d'infériorité vis-à-vis de ce pays que l'on devrait toujours imiter. Ce n'est pas nouveau. Et soyons justes : l'Allemagne a énormément de qualités dont on pourrait s'inspirer.

 

 

 

Le problème est de s'inspirer des mauvaises idées allemandes, en particulier celles qui ne peuvent fonctionner qu'en solitaire. Le redressement des exportations allemandes, assis sur la compression des salaires après les réformes Harz, dépendait de ce que l'Allemagne soit seule à mener cette politique.

 

 

 

Si d'autres avaient baissé leurs salaires en même temps,c'était l'échec assuré! 

 

Mais il faut bien voir que depuis l'après-guerre, toutes les institutions allemandes sont orientées vers un même modèle économique : être dans un système de changes fixes (Bretton Woods, puis l'Europe) et avoir des prix et des salaires qui augmentent moins que les autres pour préserver la compétitivité. Ce système est très ancien, et très spécifique aux caractéristiques du pays. Mais il n'est par définition pas copiable. Et on peut même s'interroger sur sa pérennité, sa capacité à continuer d'innover sur le long terme. C'est quand même remarquable que l'entreprise automobile la plus excitante du moment soit Tesla, et pas une entreprise allemande.

 

 

 

Nicolas Goetzmann : Pour que cette politique allemande soit possible, il est impératif d'empêcher une forte croissance de la demande intérieure européenne. En effet, puisque l'Allemagne est désormais en situation de plein emploi, toute augmentation de la demande aurait pour effet d'exercer une pression à la hausse sur les salaires allemands. A l'inverse, puisque les pays du sud affichent encore un taux de chômage élevé, cette hausse de la demande ne ferait que provoquer une baisse du chômage, et non une hausse des salaires.

 

 

 

Ce qui signifie que la compétitivité allemande serait remise en question par la hausse relative de ses salaires par rapport au reste de la zone euro, et donc, au final, une baisse des marges des entreprises, et une balance courante revenant à des niveaux plus acceptables.

 

 

 

Après avoir profité de la forte croissance de ses partenaires dans les années 2000 pour se réformer, l'Allemagne est maintenant vent debout contre toute idée de rendre la pareille.

 

 

 

Ce qui est, en fait, inacceptable. Et c'est ce qui explique aussi la critique permanente allemande de la politique menée par Mario Draghi à la tête de la BCE, qui consiste justement à restaurer la demande intérieure.

 

 

 

Pourtant, la Commission européenne a déjà pu indiquer qu'aucun pays ne devait durablement afficher une balance courante de plus de 6% du PIB. Comment expliquer un tel immobilisme sur cette question ?

 

 

 

Xavier Ragot : C'est vrai que la balance courante allemande est un déséquilibre majeur au sens des traités européens. La question de l'ajustement interne européen est délicate.

 

 

 

Un rapport important (dit rapport des cinq présidents), presque inconnu en France tant les questions européennes sont absentes du débat, a proposé la création d'agence de la compétitivité dans chaque pays et de promouvoir leur coordination afin de faire reconverger les économies de la zone euro.

 

 

 

Il faut bien faire attention pour que ces structures soient conscientes du risque déflationniste. L'immobilisme provient des divergences des intérêts européens.

 

 

 

Les discussions sur la Grèce, la question du Brexit absorbent l'attention. Le temps long, ennemi des actionnaires (convergence de la zone euro, réchauffement climatique...) demande un projet politique cohérent qui dépasse les intérêt nationaux. Il faut reconnaître que c'est bien plus confortable d'être sous-évalué (ce qui fait baisser le chômage) que sur-évalué. Il est essentiel de débattre de cela dans la zone euro.

 

 

 

Alexandre Delaigue : Il y a un biais en Europe. Il provient de plusieurs facteurs. Le fait que l'Allemagne est un grand pays, et qu'elle est bien plus à l'aise pour mettre en place ses vues et ses personnes dans les institutions européennes. Alors que pour la France, le Parlement européen est trop souvent une caisse d'assurance-chômage pour politiciens incapables de se faire élire, les députés européens allemands sont influents et motivés pour faire carrière en Europe.

 

 

 

Mais aussi, l'Europe est constituée de beaucoup de "petits pays" dont l'essentiel de la demande est extérieure et qui, eux aussi, sont habitués à limiter la politique macroéconomique à la recherche de compétitivité. Les grands pays sont une France qui manque cruellement d'ambitions et d'idées européennes, et une Italie qui se retrouve bien seule.

 

 

 

Les politiques européennes sont de ce fait biaisées idéologiquement, reprenant la fable moralisatrice de pays pécheurs qui sont trop endettés contre les vertueux Allemands. C'est ce récit toxique qu'il faut changer pour améliorer les choses en Europe.

 

 

 

Nicolas Goetzmann : Sur ce point, la question n'est pas réellement de savoir pourquoi l'Allemagne cherche à réaliser une politique qui préserve ses seuls intérêts, (et en réalité, bien plus les intérêts de ses entreprises que ceux des salariés allemands) mais de savoir pourquoi les Européens, et la France avant tous les autres, ne réagit pas.

 

 

 

Cette question est d'autant plus d'actualité que les Etats-Unis viennent quand même de tirer le signal d'alarme parce qu'ils occupent une position que la France a occupée avec un sourire béat depuis de nombreuses années.

 

 

 

Le déficit commercial américain atteint 55 milliards d'euros avec l'Allemagne, il est de 36 milliards d'euros entre la France et l'Allemagne, ce qui signifie que, relativement à la taille de l'économie, le déficit français est bien plus important. Mais la France ne dit rien, alors que les Américains commencent à montrer les dents. Pour quelle raison ? Au lieu de réfléchir à un modèle économique français, nos dirigeants préfèrent baver de jalousie devant la puissance industrielle du grand voisin d'outre-Rhin. C'est cette faiblesse française, de déséquilibre politique du couple franco-allemand, qui permet une telle dégénérescence du projet économique européen.

 

 

 Gary Halley

 

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