Créteil le 27/04/2014

 

Permittence ou Intermittence?

 

Dans le viseur du très social Medef et de la plus sérieuse Cour des Comptes, héritier d'une longue situation de stigmatisation ayant connu sous Chirac une tentative de réécriture  conduisant ses bénéficiaires à des manifestations aboutissant à l'annulation du festival d'Avignon de 2003 (!!), le régime des intermittents du spectacle auxquels cotisent environ 100.000 techniciens et artistes du spectacle, constituant un des piliers de l'activité culturelle française (3,2% du PIB.......tout de même, soit seulement 0,5 points de moins que le tourisme reposant sur les 85 millions d'étrangers venant en France chaque année et les 35 millions de français passant leurs vacances en France), revient donc au premier rang avec un éclairage biaisé sur son rôle dans le déficit de l'assurance-chômage (UNEDIC).......soit 18 milliards d'euros cumulés de perte et 2,8 milliards pour la seule année 2011.

 

La solidarité interprofessionnelle en faveur des plus précaires, fait qu'il est admis depuis le tout début, que les intermittents, bénéficient d'un régime particuier plus favorable que le Régime Général d'Indemnisation.

 


A moins de remettre en cause ce principe, il importe de regarder sans déraison ce qu'il en est:

 

Oui, 507 heures travaillées dans les 10/10,5 dernier mois(1) sur les 3 dernières années, contre 610 heures dans les 12 derniers mois sur les 2 dernières années, constituent l'essentiel de l'avantage du premier régime, donc celui des intermittents du spectacle, sur le Régime Général, mais notons que la cotisations prélevée est de 10,8% dans le premier cas contre 7,5% dans le second; oui sans doute, si on considère que le déficit de ce "régime de faveur" a compté pour 900 Millions d'Euros de déficit (pour au total, 4,2 Milliards en 2013) dans les caisses de l'UNEDIC........MAIS:

 

  • Sa disparition (car de toute façon il faudrait bien indemniser les chômeurs du spectacle dans le cadre du Régime Général), permettrait d'économiser 320 Millions d'Euros à l'UNEDIC (et non.....1 Milliard comme lu dans la presse) soit 7% du montant du déficit global annuel.
  • L'UNEDIC est, de manière constante, en "déficit moyen" de 2,8 Milliards d'Euros depuis 2002 (et le régime des intermittents régulièrement, sans aucune variation significative, de 800 à 900 Millions, chiffre global autour duquel ont oscillé les effets de l'indemnisation, sans aggravation, si ce n'est......la crise bancaire privée de septembre 2008 ayant conduit à la crise économique de toutes les économies de 2009 et à l'accumulation "dite coupable" des "dettes souveraines") à .....aujourd'hui,......et l'UNEDIC d'un excédent de 4,6 milliards à un déficit de 2,8 Milliards de septembre 2008 à décembre 2010 soit 8,5 fois l'impact du déficit récurrent de l'assurance des intermittents du spectacle sur l'Assurance-Chômage.
  • Les intermittents travaillent le plus souvent........sans être payés (eh oui, un spectacle se conçoit, s'écrit, se scénarise, se répette......etc. ) avec des acteurs, et des techniciens du spectacle, pendant des semaines, des mois, sans la moindre rémunération que......l'indemnisation......pour autant, qu'ils ne la perdent pas faute d'atteindre les conditions "a minima" citées ci-dessus!
  • Les promoteurs et producteurs du spectacle (spectacle vivant et spectacle de média) usent et abusent de ce régime pour accroître la rentabilité des investissements, en faisant de ce régime, un complément de revenu des salariés du spectacle dont le revenu médian annuel demeure tragiquement bas (2800€/an contre 20.300€/an pour les autres salariés!) sans être pénalisés alors que ceci équivaut donc au plan comptable à verser des subventions publiques complémentaires annuelles à des productions, au pire équilibrées, au mieux, largement bénéficiaires, de "seulement"......1,75 Milliards d'Euros/an soit 94% de plus que la subvention apportée au Régime!
  • Pour arriver à leurs fins, ces "véritables profiteurs du régime des intermittents" (et qui n'en sont pas, car leurs revenus leur permettent de ne pas pointer à l'ANPE......et pas seulement de crainte de s'y rencontrer!) multiplient les contrats à durée déterminée dits "d'usage" (CDDU et autres) en arrivant à faire signer des contrats successifs dont la durée n'excède pas 2 jours en 2013, contre 28 jours en 1986........et tout cela pour des intermittents travaillant beaucoup plus de 610h/an au point de ne pouvoir se déplacer d'un employeur ou/et d'un emploi à l'autre pour compléter leur revenu par leur seul travail!
  • C'est ainsi que nos intermittents deviennent peu à peu des "permittents", sorte d'otages coincés entre le durcissement de leur régime et les profiteurs du système........qu'on se le dise!

Ainsi, sous la pression des intéressés, et aussi, sur une mise au point plus "objective" de la Cour des Comptes" ayant admis récemment avoir commis "une erreur d'appréciation", la Ministre Girouette du fantomatique gouvernement de la "rigueur aveugle et soumise" de la France couchée.........., a revu sa copie, non en renonçant à une économie de 167 Millions d'Euros pour la subvention plafonnée en 2014, mais en demandant "davantage de solidarité" aux intermittents les plus favorisés, soit ceux qui peuvent percevoir jusqu'à 3200€/mois d'indemnité.

 

Privilèges avez-vous entendus? Sans doute y en a-t-il, mais surement pas ceux désignés à la vindicte publique.

 

Gary Halley

 

Facebook